Mémé

Publié le par Mélissa

pour un concours de nouvelles, en s'inspirant de cette phrase :

« Une maison au milieu d’une cour d’école. Elle est complètement ouverte. On dirait une fête. »

Toutes les écoles se ressemblent. Un bâtiment, une cour, un sol décoré de multiples créations faites par les enfants…. Et nous retrouvons le même paysage dans chaque village. Mais pas dans celui-ci. Cette école est unique. Comme une œuvre de Dali. Originale. Une œuvre qui marque les esprits et vous fait sourire même si vous n’en avez pas envie. Une maison au milieu d’une cour d’école. Voilà ce qui la rend unique en son genre. Elle est complètement ouverte. Lors des récréations, les enfants entrent et ressortent, à la queue-leu-leu comme on dit familièrement. On dirait une fête. On entend leurs rires, leurs joies, leurs cris d’émerveillement. De temps en temps, on aperçoit même un chat qui sort de son habitat, s’étire, se frotte contre ces touts petits bouts de jambe. Qui vit dedans ? C’est la grande question. C’est Mémé. Tous l’appellent par ce nom. C’est la Mémé de tout le monde, la grand-mère de tous les parents et de tous les enfants, enfin, de tous les habitants. Alors on se demandera comment la municipalité a-t-elle pu accorder cette construction au milieu de cette école… Personne ne sait, c’est en quelque sort le mystère de ce village. Mais personne ne souhaite réellement en connaître la raison. Certains disent que Mémé est la fille des anciens professeurs de cette école, et qu’elle n’a jamais eu le courage de quitter l’endroit où ses parents ont passé toute leur vie. En construisant cette maison, ou plutôt cette cabane si on se réfère à sa taille, elle leur rend hommage. Chaque matin au réveil, à chaque minute. Dès que les portes s’ouvrent et que ce tourbillon d’enfants entre en scène, elle vit. Tout simplement. Et tous les parents, en accompagnant leurs bambins, reçoivent une leçon de vie. Chaque jour. Quand d’autres se tuent à la tâche pour essayer d’exister selon une certaine image, Mémé leur montre qu’avec le simple minimum, on peut atteindre l’Eden du bonheur. Que peut-il avoir de plus beau que de voir sa maison remplie d’innocence, de vie, de bonheur. Les enfants s’y sont habitués. Ils adorent Mémé. Tous les matins, à dix heures, heure de la récréation, les enfants sortent en courant. Certains continuent leur concours de marelles, d’autres ouvrent des livres, grignotent des gâteaux et beaucoup vont saluer Mémé. Une caresse sur chaque joue, un sourire dans chaque regard. Elle leur montre le gâteau fait la veille pour eux, pour leur goûter. Leur laisse l’autorisation de remplir la jatte de lait du chat. Si on regarde l’intérieur de la maison de Mémé, on découvre d’innombrables œuvres d’art. Tous faits par les élèves. Des dessins de tous genres, aux couleurs flamboyantes, avec, en bas de chaque feuille, leur signature. Elle ne peut pas tous les accrocher au mur, alors on a donné à Mémé un gros classeur où elle peut les classer. Certains dessins datent de plusieurs années, il y en a même qui ont été réalisés par certains parents, alors élèves à l’époque. Mémé ne s’autorise qu’une sortie à l’année. A Noël. Chaque année, elle est invitée au réveillon, par l’une des familles du village. Et chaque année, c’est une famille différente. Ne pensez-pas que c’est par pitié qu’elle est invitée. Non, c’est par amour. On dit même que certains se battent pour avoir l’honneur d’avoir Mémé à sa table. L’histoire de Mémé, une grande histoire. Elle n’a jamais connue l’amour d’un homme, la douceur de son toucher, ni même la joie de donner vie. Cependant, du haut de ses quatre-vingt ans, elle ne s’est jamais sentie aussi comblée, aussi heureuse. Et parfois, en s’endormant, elle se demande si une femme pourrait recevoir plus d’amour qu’elle n’en reçoit.

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